mercredi 24 janvier 2007

Médecins : nouveaux curés ?

La médecine d’aujourd’hui, sourde, aveugle, chimiste et missionnaire, ne doute plus de détenir les tables de la loi. Les bedeaux des Ministères avides de prêtrise s’empressent de tenir le calice où de petits médicastres prétentieux trempent l’hostie pharmaceutique que la foule terrorisée des candidats au cancer, flagellée par le chœur des larbins médiatiques, vient avaler en tremblant. Docteur ! Docteur ! Je suis malade ? Allez, mon patient, ne fumez plus, ne buvez plus, ne mangez plus, prenez 100 fois ces pilules, 50 fois ces cachets et la Santé sera sur vous !
Ces médecins sont nos nouveaux curés. Ils ont trahi l’art sublime d’Hippocrate pour une poignée de chiffres et de molécules ! Anti-cléricaux, réveillez-vous: la séparation de la Médecine et de l’Etat reste à faire.

dimanche 21 janvier 2007

Comment Daguin fut roulé dans la farine

Cher André Daguin, je vous aime et je vous respecte car vous êtes un grand cuisinier.
En tant que Président de l’Union des métiers de l’hôtellerie, vous avez participé l’été 2006 à la mission d’instauration de la prohibition du tabac où vous êtes apparu d’abord en défenseur de la liberté et du droit de fumer conformément à la loi Evin de 1991. Mais en chemin vous avez jeté les armes devant une poignée de missionnaires anti-fumeurs qui disent vous avoir convaincu que l’interdiction de fumer (à part dans des fumoirs aux conditions techniques irréalisables et sans service!) protégerait les patrons de restaurants d’éventuelles procédures judiciaires intentées par leur personnel confronté à la fumée de tabac.
Si telle est bien la raison de votre allégeance subite, il apparaît, comme pour la TVA à 5,5% que l’on vous a roulé dans la farine. En effet, si des Bur, Audureau, Dautzenberg et autres vous ont fait croire que l’arrêté de la Cour de Cassation du 29 juin 2005 évoquant un devoir de résultat du chef d’entreprise par rapport à la protection contre la fumée de tabac, pouvait s’appliquer à la restauration, on vous a menti. Car l’arrêté en question faisait référence explicite à la section Tabac du Code de Santé Publique dont l’article R3511-13 protégeait précisément les patrons de bars et de restaurants en reconnaissant le droit de fumer dans leurs établissements.
Ainsi les chefs d’entreprise de la restauration ne pouvaient en aucune façon se trouver dans le cas de figure de cette entreprise de gardiennage, jugé par la Cour de Cassation. Or aujourd’hui, le Code de Santé Publique a été modifié subrepticement lors du décret de prohibition de novembre 2006, et cet article qui protégeait la profession a disparu. Désormais, les patrons de restaurants sont plus fragiles que jamais. Non seulement ils risquent de perdre une clientèle qui comme moi ne fréquentera plus les tables où l’on ne pourra terminer sur un vieil Armagnac et un cigare, mais il leur est ordonné de surcroît, sous peine d’amende, d’assumer des fonctions de police ! Cher André, il vous reste à réclamer que la profession soit assermentée et qu’elle bénéficie du statut de fonctionnaire.

dimanche 14 janvier 2007

Le sens des mots

Lors de sa conférence de presse et de précipitation donnée le 16 novembre 2006 pour la publication du décret de prohibition du tabac, Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et assureur de son état, a dit : « Parce que je ne conçois pas la responsabilisation sans la prévention, j’ai veillé à ce que la mesure d’interdiction soit complétée par un ensemble de mesures d’accompagnement à l’arrêt du tabac ». On peut et on doit s’étonner qu’en démocratie « responsabilisation » puisse signifier « interdiction », et « prévention »: « accompagnement à l’arrêt ». Mais il est vrai qu'en langage d'assureur responsable signifie coupable... A moins qu’il ne s’agisse d'emprunts à l'idiome des délinquants parisiens pour qui la Santé signifie d'abord la prison.

vendredi 12 janvier 2007

Les ventriloquies de Bertrand

L’engouement stupéfiant de nos gouvernants pour Internet repose moins sur son potentiel de circulation de l’information, qui résiste au contrôle, que sur cette judicieuse faculté de ventriloquie qu’il leur offre à moindre coût. L’opinion publique, jusqu’à présent chasse réservée de la télévision et de sa machinerie moyenâgeuse d’actualités, de temps d’antenne, de sondages et d’audimats, prend soudain l’allure sans visage du citoyen Web, ce madame-monsieur-tout-le-monde incarné dans sa virtualité même : une poignée de clics, comme autant de borborygmes que l’opacité des tuyaux rend disponibles à n’importe quelle voix. Le politique pressé y trouve la sienne, s’en émerveille, et l’on peut entendre un Ministre énoncer dans un discours prononcé sans bouger les lèvres le 16 novembre dernier : « Nous parlons donc d’une mesure attendue par l’ensemble des français. Une large consultation du grand public a eu lieu sur le site www.forum.gouv.fr. Nous avons eu 4 mois de débats très riches, avec 8 000 contributions. A l’écoute des attentes de nos concitoyens, ce forum m’a conforté dans une conviction : nous devons interdire. » Huit mille clics! On salue l’artiste ! Une telle prouesse de ventriloquie vaut bien un décret.

samedi 6 janvier 2007

L’Idéologie du warning

Notre époque dominée par le puritanisme hygiéniste anglo-saxon invente le warning. Signalétique, dite « de prévention » par abus de langage, et apposée sur des produits de consommation (et de plaisir), le warning repose sur une supercherie idéologique et morale fondamentalement puritaine, tant dans son mécanisme que dans son expression.
En effet, en prétendant prévenir l’usage pathologique ou démesuré d’un produit, le warning institue un comportement pathologique ou excessif en norme de ce produit. Ainsi le tabac est affirmé tueur au lieu d’indiquer que la consommation excessive de tabac peut provoquer des maladies mortelles. Ce mécanisme d’institution d’une norme hyperbolique ( sans moyen terme et sans discernement, donc morale) est puritaine en ce qu’elle objective les effets d’une déviance pour en faire des qualités intrinsèques du produit. Autrefois on appelait cela le diable et les ligues puritaines anglo-saxonnes ont toujours dénoncé le diable dans les produits qu’elles condamnaient. En ce sens, l’âge des warnings découle directement de l’esprit protestant du Capitalisme décelé par Max Weber. Le warning est le marquage du diable.
Ce devenir norme des comportements déviants s’appuie désormais sur l’Epidémiologie qui est la religion des experts. Dernier exemple en date : le warning indiquant que le vin est mauvais pour les femmes enceintes. Si un verre de vin dans la journée était si mauvais pour les femmes enceintes, cela fait longtemps qu’il n’y aurait plus de vignerons car les femmes de vigneron ont toujours bu du vin raisonnablement et ont fait des enfants qui ne se portent pas plus mal que les autres.
Ainsi la science mal comprise et déviée de son véritable projet fonde le mécanisme de diabolisation et de marquage "satanique" dont l’idéologie du warning, si on ne la détruit d’urgence, marquera bientôt tous les objets du plaisir terrestre.